Allez commençons par une description.

C’est donc un licol souple, tout en corde ronde, de la drisse synthétique utilisée pour la navigation. A ce titre, cette drisse est souple, extrêmement résistante et quasi indéformable.




Pour former ce licol, la corde est nouée avec des nœuds simples, et un nœud diamant (ou fiador) pour l’attache de longe. Le nœud diamant est préconisé par les puristes, car plus précis parait il (surement car les boucles sortent du centre du nœud, et non pas sur un coté comme avec un simple nœud) mais il est un peu compliqué à réaliser si on choisi de faire sois même son licol (mais pas impossible, dans mon cas, le troisième essai était le bon !)





Le diamètre de la corde doit idéalement être de 6 ou 8 mm. En deçà, la corde est trop fine et peut blesser le cheval, au dessus, trop grosse elle perd en précision. La qualité de la corde est très importante car elle déterminera l'efficacité du licol. Je déconseille les licols de fabrication industrielle, vendus en sellerie, la corde est en général pas assez souple. Privilégiez les créateurs de sur mesure, en plus pour le coup, c'est pas plus cher.

Quelques règles d’or.

Le licol de corde par rapport au licol plat, peut être comparé à la différence entre un mors de filet et un mors de bride. Ils ont tous deux la même fonction de base, mais l’un est beaucoup plus précis, et donc sévère que l’autre. Les nœuds du licol de corde sont placés à des endroits sensibles de la tête du cheval, notamment sur le chanfrein. Tout comme le mors de bride ne « fait » pas le dressage du cheval, le licol de corde n’est pas indispensable pour pratiquer le travail « éthologique », la méthode Parelli, entre autre, peut être exclusivement réalisée en licol plat.
Il faut donc en toute occasion garder à l’esprit que le licol de corde est un outil précis, et donc potentiellement sévère, voire violent si mal utilisé.
(Je fais ma petite morale juste pour le rappel, car la généralisation de son emploi par des gens pas forcément informés a, à mon goût un peu tendance à minimiser son impact sur le cheval.)
Donc NON, ce licol n’est pas fait pour « tout le temps » et NON, il n’est pas confortable du tout pour le cheval !

Si vous ne me croyez pas ou voulez réellement vous rendre compte de son action (c’est toujours intéressant) je vous propose d’attacher une longe à votre licol (de préférence une vraie longe éthos, bien lourde, avec un vrai mousqueton (je critique pas, ce type de longe est parfaite pour le travail, car elle transmet bien les mouvements)).
Vous prenez ensuite dans vos mains fermées les deux nœuds de muserolle, et vous demandez à quelqu’un de faire bouger la longe. Vous ressentirez les mouvements de la longe, même les yeux fermés ! Demandez-lui de donner un « coup de sonnette ». aie hein ?
Bref, ce petit « truc » permet de bien se rendre compte des possibilités de l’outil.

Avant tout je le met en gros, en rouge:




Du fait de sa sévérité expliquée ci-dessus. Certains récits sur la toilent relatent des chevaux morts la nuque brisée car attachés avec notamment pendant un transport. En cas de panique, ce licol ne cédera pas. Et la corde à une surface d’appui bien moindre que la sangle ou le cuir du licol plat, d’où d’importants risques de blessures.
A tout ceux qui rétorquent « oui mais la longe est attachée à de la ficelle à ballot », je répond que c’est pas mieux, cette ficelle est faite pour résister à des traction extrêmement fortes (c’est lourd une roundball) et à moins qu’elle soit dédoublée ou vraiment décomposée par le soleil, elle ne cassera pas. Au mieux ça sera le nœud qui lâchera mais rien n’est garanti, il ne vaut donc mieux pas prendre de risques.






Bon, ok si c’est pour du travail en liberté, si vous êtes avec le cheval, mais on ne le laisse pas tout seul avec, il peut s’accrocher quelque part, se prendre un sabot dedans…bref, se blesser sérieusement. Un licol plat est déjà potentiellement dangereux, mais un licol en corde, c’est…






C’est un outil, il doit être expliqué, surtout à un jeune cheval, alors pour éviter qu’il ne tire dessus comme un fou, on lui met, et à pied, on demande des flexions.





Il peut faire le fou et tirer dessus en risquant de se faire mal, de se faire peur.





C’est le but même de cet outil, la précision, qui commence par une demande douce et des actions progressives (ça devrait normalement être le cas pour tout, mais encore plus avec ce type d’outils).





A ce titre, comment régler un licol ?

Déjà, (ok c’est tout bête mais…) on le prend à la taille de son cheval…beh oui, surtout qu’il existe des sites supers pour en commander des sur mesure si loulou n’entre pas dans la taille PS ou FS…

Les nœuds permettent un petit réglage si vraiment ça ne va pas, on les desserre et on fait glisser la corde, mais attention à ne pas déformer complètement le licol. Il doit être symétrique pour être équilibré. Et on ne peut raisonnablement ajuster que sur 1 ou 2 cm.

La muserolle ne doit pas tomber trop bas sur le chanfrein, elle doit idéalement passer à la place d’une muserolle française. Plus bas, il y a des cartilages sensibles et…fragiles, un écart, il tire un peu et c’est la fracture du nez…un peu comme nous, si on appui sur le bout de son nez, ça fait mal, un peu plus haut, c’est moins désagréable. Il vaut mieux régler un peu haut en le mettant, car en bougeant, il va descendre. C’est un problème courant, dieu sait si je vois des photos de chevaux avec des muserolles trop basses !

Au même titre, la sous gorge ne doit pas pendre à plus de 10 cm sous l’auge. On perd en stabilité latérale, et donc en précision, et si loulou s’étend pendant la séance, le nez au raz du sol, il peut marcher dessus et se faire mal.




Le nœud de réglage doit être fait comme suit. Exemple


J’ai quand à moi pour habitude de faire un nœud type nœud d’écurie, qui eut facilement se défaire après une forte traction, et qui se défait rapidement, ne sait on jamais, un cheval un peu chaud à libérer le plus vite possible, hop, on tire et c’est bon, pas besoin de risque de se faire casser un doigt à défaire un nœud trop serré avec un cheval qui bouge sans cesse.


Bon, après avoir bien critiqué, je me permets quand même pour finir de mettre en avant certains des avantages de cet outil.
Il ne prend pas de place dans une poche, pratique pour changer des chevaux de pré !
A ce titre il peut être plus facilement laissé sous un filet en balade, pour les parties à pied, c’est plus agréable pour le cheval que d’être longuement tenu par le mors.
Il est plus précis, je m’en suis pas exemple servi pour éduquer ma jument à céder à la pression. La miss avait toujours eu un gros licol d’artillerie large, sur lequel elle prenait aisément appui pour treuiller son humain. Prise d’appui impossible avec un licol de corde, c’est très désagréable de treuiller avec, l’idée lui est vite sortie de la tête et j’ai pu lui apprendre les flexions et la cession à la pression, en ayant des actions bien moins fortes qu’avec un licol plat. Maintenant elle est respectueuse en licol plat. (Je me permets enfin d’ajouter qu’a mon sens, comme tout outil précis, on reconnaît son efficacité au fait que l’on peut aisément s’en passer et revenir à un outil plus doux. Il ne doit donc pas être utilisé de façon constante sous peine de blaser le cheval à ses actions)

Bref, et vous ? Quels usages en faites vous ?